Témoignages des Cubistes RATP

Grégory ROHART, Chargé de Missions Développement Durable / Référent Énergie Immobilier chez RATP Real Estate et Théophile Caron, Chargé de missions écoconception du groupe RATP.

 

Après avoir réduit leur consommation énergétique de 12% entre 2004 et 2015, la RATP renouvelle son engagement avec l’obtention de la certification ISO 50001 en 2017 et se fixe un nouvel objectif de -20% entre 2015 et 2025. La participation de 9 sites au concours Cube 2020 cette année s’inscrit dans le nouveau plan d’action de performance énergétique du groupe.

Pouvez-vous nous donner une description et les éventuelles particularités des sites que vous avez inscrits ?

 

Cette année, la RATP a inscrit 9 bâtiments au concours Cube 2020. Les sites sélectionnés donnent un panel assez représentatif des différents types de bâtiments. Nous avons donc trois bâtiments inscrits par typologie : bâtiments tertiaires (dont la plateforme de logistique de la RATP), centres de bus et ateliers de maintenance de trains (métro, RER et tramway).

Ces bâtiments sont naturellement très différents, autant par leur taille que leur activité, mais également par leur date de construction. Le site de maintenance de tramway T7, par exemple, a été mis en service en 2013, les ateliers de maintenance du RER A de Sucy dans les années 70 et le Centre Bus d’Ivry avant la Seconde Guerre Mondiale.

Il y a aussi certains sites qui sont beaucoup plus récents. Certains sont déjà classifiés RT 2005. Nous avons donc un périmètre très vaste.

Cela fait que les mesures prises pour économiser l’énergie ont beaucoup varié d’un site à l’autre, comme leurs résultats. C’est à nous d’identifier cela et de proposer des actions adaptées à chaque site pour atteindre les résultats souhaités.

Qu’est-ce le concours Cube 2020 apporte à votre démarche d’efficacité énergétique ? Pourquoi Cube 2020 ?

Pour nous, Cube est un outil pour engager dans la démarche les occupants des bâtiments, ainsi que les responsables et le personnel de maintenance dans un esprit de challenge par équipe. Cela nous permet également de démontrer qu’il est possible et rentable de mettre en place ces quelques paramétrages sans dégrader le confort des occupants et utilisateurs des bâtiments (qui est très important pour nous). Cet outil nous a amené à confirmer l’efficacité de notre propre méthode de management de l’énergie des bâtiments, qui nous permet d’embarquer les équipes sur site et d’apporter un accompagnement technique pour réussir nos actions.

 

L’année 2017 nous avait permis de franchir une première étape avec l’inscription d’un bâtiment tertiaire (Campus de Noisiel) avec un résultat final de -8,9%. Cette année nous concourrons avec 9 bâtiments pour compléter la démonstration sur un panel représentatif de nos sites industriels et tertiaires. Fin décembre, à mi-parcours, nous avions déjà économisé 3 GWh, soit environ 670 teqCO2 et un gain sur la facture de l’ordre de 120 000 €. Sachant que ces 9 sites représentent 13% de notre facture énergétique des bâtiments, nous avons encore de belles économies à faire. Enfin, le fait que les calculs soient faits par un tiers indépendant, l’IFPEB, est un atout qui garantit la transparence et la confiance pour ceux qui doivent regarder nos résultats et décider si les actions sont vraiment viables.

La perspective de médailles à la fin du concours est très stimulante pour nos équipes, en matière de communication notamment. Néanmoins, la partie la plus importante pour nous, au-delà de notre placement dans les Top 20 des derniers classements, est de démontrer aux personnels sur le site et à notre Top Management qu’il est possible de faire autant d’économies d’énergie sur nos bâtiments avec peu, voire pas, d’investissement. Nous avons ainsi prouvé que ce n’était, ni très difficile, ni très cher de mettre ces actions en place sur nos sites très divers.

 

Quels types de réactions avez-vous reçu du personnel / des occupants des bâtiments face aux actions mises en place ?

 

Comme nous le soulignions, CUBE représente un outil pour nous qui sert principalement à acculturer le personnel et le management autour de pratiques très simples ayant un impact énorme sur les consommations d’énergie et, par conséquent, sur la facture.

C’est un levier de performance pour le personnel occupant les sites à mieux comprendre la réalité de leurs consommations et de leur engager sur les manières d’ajuster cette consommation en faisant des petites modifications à leurs activités.

 

D’abord, il est important de noter que la communication CUBE 2020 s’appuie notamment sur un réseau QSE déjà bien ancré sur les sites et les référents énergies de la RATP. Ce réseau communique déjà auprès des occupants sur les actions environnementales mises en œuvre via nos systèmes de management certifié ISO 14001 et ISO 50001. Dans le cadre du concours, ils constituent des relais importants pour faire passer les messages.

 

Lors de nos interventions, nous avons reçu vraiment tout type de réactions : ceux qui sont opposés et qui ne voient pas le but et ceux qui sont très enthousiastes. Les premiers se rendent compte souvent après qu’en ne faisant que des petits changements dans les paramétrages des installations (par exemple : réduire le chauffage quand il n’y a personne dans les bâtiments les weekends), cela pouvait affecter énormément leur consommation et les factures. Les seconds nous ont soutenus dès le début et ont même proposé des idées que nous avons intégrées dans nos plans d’actions. Ceux-là font généralement le lien entre le milieu professionnel et privé, en nous partageant par exemple que leurs enfants leur avaient déjà appris les gestes pour réduire leurs consommations d’énergies.

 

Quelles sont les trois actions les plus symboliques / importantes que vous avez mis en place et que vous conseilleriez aux gestionnaires des bâtiments aujourd’hui ?

 

Théophile : Pour moi, la première action essentielle est de nommer une personne pour chaque site en charge d’accompagner les occupants dans la démarche. Le personnel sur site peut alors compter sur un interlocuteur compétent pour analyser les consommations et identifier les actions à mener. C’est la première condition pour réussir dans le concours. Cela a fait partie de nos premiers retours d’expérience quand nous avons démarré notre démarche de management de l’énergie sur les bâtiments.

Même si c’est toujours aux responsables des sites de donner le rythme, maintenant ils peuvent compter sur quelqu’un qui a le regard technique pour les guider.

 

Grégory : Après avoir mis en place cette personne, je dirais de régler les systèmes par rapport aux besoins réels des occupants. Il faut d’abord de la sobriété et de l’efficacité, et ensuite des plus grands investissements comme le recours à une GTB ou aux renouvelables. Je soulignerais aussi le fait que la priorité en matière d systèmes à régler serait, pour nous, le chauffage et la ventilation.

Troisièmement, c’est la communication auprès des occupants, pour dialoguer avec eux, avoir leurs retours et les écouter parce qu’ils ont souvent de très bonnes idées. Cela permet de les inclure dans tout le processus d’actions afin qu’ils soient au courant des changements et aussi pour adapter les actions en fonction de leurs expériences. De cette manière, nous garantissons plus de transparence avec nos occupants et nous aurons (comme nous l’avons déjà eu) de bons retours.

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